Discours de Jérémie Crépel au nom du Bureau Exécutif au Conseil Fédéral
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Bonjour à toutes et tous,

C’est avec gravité que je m’adresse à vous, et je mesure bien la charge qui m’échoit, avec Léa Ballage, qui ne pouvait être avec nous aujourd’hui, retenue par un événement privé prévu de longue date, et l’ensemble du bureau exécutif. Il était en effet inattendu pour nous d’être amené·es à nous exprimer devant vous aujourd’hui. Mais je m’exprime également en son nom et au nom du bureau exécutif tout entier.

Vous le savez, Julien Bayou, notre secrétaire national, a démissionné lundi matin de son poste. Cette démission est une décision personnelle. C’est aussi un choc auquel nous avons dû collectivement faire face. C’est pourquoi le Bureau exécutif, réuni ce mardi, a décidé de ne pas remplacer le secrétaire national, à deux mois de la date prévue pour le prochain congrès, mais de mettre en place une gestion collégiale animée par Léa Ballage, secrétaire nationale adjointe, et moi même, également secrétaire national adjoint, jusqu’au congrès.

Parce que plus que jamais, nous avons besoin d’écologie, nous avons besoin de faire en sorte que l’écologie soit audible et crédible. Nos débats internes ne doivent pas occulter les crises que traversent notre humanité.

Dans le monde, c’est la crise iranienne qui me vient en premier à l’esprit…. Les femmes iraniennes ne se battent pas seulement contre le régime des Mollah. Elles ne se battent pas seulement contre une police des mœurs qui les assassine. Elles ne se battent pas seulement pour le droit d’enlever leur foulard. Elles se battent pour la liberté. Celle des femmes. Celle du monde entier. Et cela résonne avec le combat des femmes en Afghanistan. Et cela résonne avec cette absurde coupe du monde au Qatar qui ne respecte ni les droits humains, ni la nécessaire lutte contre le réchauffement climatique. Et cela résonne avec la remise en cause des droits des femmes et des minorités de genre en Pologne, en Hongrie, aux Etats-Unis, au Brésil et partout où l’extrême-droite prend le pouvoir. Alors je le crie aussi ici “Femme, vie, liberté !” 

En Europe justement, à côté de chez nous, en Italie, un nouveau pays vient de tomber dans les mains de l’extrême-droite, avec la complicité active de la droite conservatrice et réactionnaire. Comment ne pas y voir un grave danger pour la démocratie ? Comment ne pas y voir un grave danger pour les droits des femmes et des minorités ? Comment ne pas y voir un grave danger pour l’Europe ? De l’autre côté de l’Europe justement, les Ukrainiens résistent toujours à l’invasion lancée par Poutine. Le dictateur Russe met en place de faux referendums pour annexer les régions occupées par son armée. Ces plébiscites sont illégitimes et nous devons plus que jamais continuer à soutenir l’Ukraine face à cette agression. 

Alors que les gazoducs sont maintenant sabotés en Baltique faisant craindre une tension sur l’approvisionnement en gaz, en France, le prix de l’énergie explose, avec celui de l’alimentation. Si nous sommes autant touchés, c’est que les gouvernements successifs n’ont pas mis en place les investissements nécessaires dans la transition énergétique. Et aujourd’hui encore, il n’est pas à la hauteur. Les pulls à col roulé, les précaires les superposent depuis de nombreux hiver pour survivre dans les passoires thermiques que constituent trop souvent leur logement. Mais nous ne nous résignons pas et nous pouvons compter sur nos parlementaires pour s’engager pleinement dans les futurs    débats sur la loi ENR afin de défendre la transition énergétique essentielle pour l’avenir de notre nation. 

Mais alors que la France souffre de l’inflation et des hausse de l’énergie, que veut faire le gouvernement ? Augmenter les salaires à la hauteur du besoin ? Non ! Il veut réformer à marche forcée les retraites, l’assurance chômage, et le RSA ! Il veut ajouter de la misère à la misère ! Les écologistes ont marché avec les salariés, les retraités, les précaires et la jeunesse ce jeudi, à l’appel des syndicats, et nous participerons également à la marche contre la vie chère et l’inaction climatique qui se tiendra à Paris le dimanche 16 octobre. Je vous invite à vous y rendre nombreuses et nombreux.

Toutes ces crises proviennent du même système de prédation sans limite, du mythe de la croissance infinie et qui trouve des boucs émissaires parmi les opprimés lorsque le système s’épuise par ses propres moyens. Et c’est ça notre raison d’être et de militer ensemble. Ne l’oublions pas et continuons de nous engager toutes et tous !

Aujourd’hui, la manière dont les partis de gauche traitent des violences sexistes et sexuelles est une nouvelle fois questionnée. Le fonctionnement de nos cellules décortiqué et, par certains, ou certaines, remis en cause. La possible nécessité d’externaliser toutes ou une partie des enquêtes est sur la table. Je voudrais dire 3 choses.

La première, c’est notre fierté de recueillir la parole des victimes et de traiter avec sérieux les violences sexistes et sexuelles alors que d’autres choisissent de les ignorer. Nous devons continuer à mettre toute notre énergie pour permettre à chacune et chacun d’entre nous de militer en toute sécurité, et nous devons lutter contre ces violences, contre toutes les violences, et tout mettre en œuvre pour faire de notre mouvement et de notre société un espace inclusif qui refuse toutes les discriminations quelles qu’elles soient.

La deuxième, c’est que je remercie les membres de la cellule d’enquête et de sanction de leur engagement et de leur abnégation pour mener à bien leur mission difficile mais ô combien nécessaire. Nous avons toute confiance en leur action. Je voudrais rappeler que ce sont des personnes, choisis par vous, et formées par un organisme indépendant.

Nous, le bureau exécutif, avons collectivement rencontré la cellule ce matin. Elle nous a confirmé qu’elle était effectivement au travail sur TOUS les dossiers qui lui ont été signalés. Je voudrais rappeler également que plus on s’exprime publiquement sur les enquêtes, plus on rend la mission de la cellule difficile, et j’appelle donc chacune et chacun à ne s’exprimer qu’avec une extrême prudence.

La troisième, c’est que nous avons été les premiers, après l’affaire Baupin, à mettre en place une cellule de lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Cette cellule n’est pas une “justice privée” comme j’ai pu l’entendre, mais une instance disciplinaire de notre mouvement chargée de proposer des sanctions internes. La mise en place de cette démarche innovante ne fut pas aisée et au début, des erreurs ont pu être commises. C’est pour cela que nous avons fait une première réforme statutaire de la cellule en février 2022. Nous avions alors décidé de prévoir un audit par un organisme externe indépendant pour pouvoir décider des évolutions nécessaires au bout d’un an. Ce sera fait.

C’est malheureusement dans ce contexte que le bureau exécutif a la lourde tâche, selon les directions définies par le conseil fédéral, de préparer le renouvellement de nos instances. Le référendum d’initiative militante qui court jusqu’à ce soir, ainsi que les motions que vous voterez demain, décideront de l’organisation de ce temps de débat démocratique. J’appelle tout le monde à considérer notre démocratie comme une richesse. Les journalistes s’en font parfois les moqueurs, je m’en fais le défenseur. Nous pouvons même être fier que dans notre parti, des militantes et des militants puissent impulser des référendums, alors que le gouvernement refuse toujours de mettre en place un Référendum d’initiative citoyenne.   Pour autant cette démocratie doit être interne et j’invite tout le monde à la retenue dans l’exposition en externe de nos discussions. Ce weekend aussi nous avons la responsabilité de préserver notre collectif et son image.

Je serai, nous serons, au service de l’intérêt général, de l’écologie, et de notre mouvement. 

Jérémie Crépel au nom du bureau exécutif
Secrétaire national adjoint