Dans seulement 8 mois, le 1er janvier 2024, s’appliquera l’obligation de tri à la source des biodéchets. Et pourtant, à entendre Calitom et son président Michaël Laville, l’heure est à brûler les déchets plutôt qu’à les réduire.
Les partis de gauche et écologistes de Charente appellent ainsi Calitom à prendre le temps de dresser le bilan de la loi sur le tri des biodéchets avant d’envisager toute création d’un incinérateur surdimensionné et irréversible.
Calitom s’est engagé à réduire les déchets en Charente de 20 % d’ici 2025. Le tri à la source des biodéchets devrait pourtant de fait éliminer bien davantage que 20 % des déchets dans les sacs noirs. Charente Nature estime possible, s’il existe une volonté de le faire, de réduire 50 % des déchets des sacs noirs d’ici 2025. Alors pourquoi, dans ce contexte, Calitom concentre-t-il ses efforts sur la création d’un incinérateur de déchets le plus rapidement possible, d’ici l’application de la loi sur les biodéchets en 2024 ? Le travail sous-terrain du lobby industriel de l’incinération aurait-il porté ses fruits ? Alors que la France n’a réduit ses émissions de CO2 que de 2,5 %, contre un engagement de 40 % à l’horizon 2030, cet incinérateur géant ne fait que poursuivre la logique de création de grandes infrastructures du XXème siècle sans penser l’avenir.
Nous regrettons le calendrier précipité de construction de cet incinérateur géant. D’autant plus que sa mise en place s’avère quasi irréversible. Cet outil industriel étant très coûteux et complexe à mettre en place, il faudra plusieurs décennies avant d’amortir son coût. Sa mise en place n’incitera bien sûr pas à réduire les déchets mais au contraire à les multiplier afin de nourrir cette énorme fournaise qui doit maintenir une température d’incinération. Ainsi, il est bien prévu d’incinérer également une partie des déchets des départements voisins. Est-ce vraiment la vocation de notre Département que de centraliser les déchets d’une partie de la région pour les brûler ? Cet outil industriel s’avère par ailleurs extrêmement coûteux, son entretien, très dangereux pour les ouvriers cordistes spécialisés, s’élève ainsi à 3 000 euros par journée d’intervention pour une personne.
Plutôt que de consulter la population sur cette fuite en avant, ne serait-il pas plus constructif de sensibiliser davantage habitants et collectivités au tri et de préparer l’application de la loi sur le tri des biodéchets ? Sachant que des collectivités comme la ville d’Angoulême ne disposent aujourd’hui que de très peu d’installations de tri sélectif dans l’espace public. Sachant aussi que cette consultation est une formalité, légalement obligatoire, qui ne débouchera sur aucun dialogue ni compromis. Une méthode de « consultation » qui n’est pas sans rappeler celle d’Emmanuel Macron et de sa réforme des retraites…
Angoulême, le 22 avril 2023
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